Le hasard est parfois facétieux. Après 11
ans sans un jeu sur les guerres de Religion, deux sortent coup sur coup
sur ce thème et à la même échelle.
Avec infini Regret est le dernier né de la
série commencée par Paris vaut bien une messe paru en mai 2003 dans Vae Victis.
Il propose de rejouer à l’échelle grand
tactique les batailles de Dreux (1562), La Roche l’Abeille (1569) et Coutras
(1587), soit deux batailles communes à Par le Feu, le Fer et la Foi édité par
Hexasim.
Carte de la bataille de La Roche L'Abeille |
Le lecteur attentif aura remarqué qu’Avec
Infini Regret est sous-titré volume 1, d’autres batailles sont donc à suivre.
Avant d’évoquer le jeu de manière plus
précise, j’ai souhaité interviewer ses auteurs Florent Coupeau et Laurent Closier, comme je l’avais fait pour Par
le Feu, le Fer et la Foi.
1/ Laurent et Florent vous êtes les
co-auteurs du nouveau jeu paru chez Vae Victis sur les guerres de Religion sous
le titre "Avec Infini Regret"; pourriez-vous vous présenter pour nos
lecteurs?
Florent et Laurent, photo fournie par les intéressés... |
Florent Coupeau (FC) : J’ai 39 ans et
travaille en tant qu’acheteur public dans une collectivité territoriale. J’ai
découvert le wargame avec mon père quand il a monté son premier et seul wargame
« La Guerre des Ducs » de
Jeux & Stratégies. Ensuite, avec son aide, j’ai découpé et monté tous les
jeux de cette merveilleuse revue. Avec l’argent de poche de plusieurs mois, mon
premier wargame en boîte sera Cry Havoc
au milieu des années 80. Parti à l’étranger, je ne me suis plus tenu au courant
des nouveautés wargame – même si je continuais à jouer – jusqu’à l’arrivée de
Vae Victis. Un grand merci à Nicolas Stratigos pour avoir accepté de publier ma
première création avec Féodalité dans
le numéro 69 ! Depuis, je publie 1 à 2 jeux par an dans Vae Victis. Pour
ce qui est des conventions de joueurs, j’adore retrouver d’autres wargameurs
qui sont tous des personnes passionnées et passionnantes.
Laurent Closier (LC) : Je suis plus
âgé que Florent mais j’ai moins de cheveux blancs. « Avec Infini Regret » est ma première collaboration avec
Florent.
2/ Avec Infini Regret est la suite d'une
série créée par Ben Hull dans le VVn° 50 sous le titre "Paris vaut bien
une messe". Cette série a été reprise par Florent qui a publié Nieuport
1600 et Kircholm 1605 également chez Vae Victis. Pouvez-vous nous dire d'abord
pourquoi avez-vous choisi de travailler à deux sur ce projet et quel a été le
rôle de chacun?
FC : Laurent & moi nous connaissons
depuis longtemps. Je savais qu’il avait essayé de créer un jeu sur le modèle de
Musket & Pike (GMT Games). Mais, pour d’obscures raisons, cela n’avait pas
abouti malgré l’avancement de son projet. Après la sortie de Nieuport 1600 VV105, j’ai repensé à son
projet et lui ai demandé si ça l’intéresserait de le proposer à Vae Victis. Mon
rôle a plutôt été celui de garder l’homogénéité des règles de AiR par rapport à
Nieuport 1600 et Kircholm 1605. Nos discussions ont été très intéressantes et ont
aussi amélioré l’ensemble du corps de règles.
LC : Florent a fait un gros travail
pour améliorer puis consolider les règles de « Paris vaut bien une
messe ». Cela m’a permis de me concentrer uniquement sur la partie
historique du projet.
3/ J'ai cru comprendre que Ben Hull
souhaitait garder la mainmise sur son système. L'avez-vous consulté pour votre
jeu et quels-ont été ces retours éventuels?
FC : Je pense que Ben Hull a évolué ces
cinq dernières années. A une époque, il était plus fermé sur Musket & Pike
que pour Paris vaut bien une messe. Désormais, il accepte que d’autres
personnes que lui développent de nouveaux modules pour M&P (Notamment Nothing gained but glory et Saints in Armor). Pour Paris vaut bien une messe, il a dit oui
dès le départ et il était même très enthousiaste à l’idée de ressortir les
batailles du VV50.
Maintenant, étant créateur de jeux moi-même,
je peux comprendre son sentiment. L’esprit du jeu initial va-t-il être
respecté ? C’est parfois dur de laisser à quelqu’un d’autre son
bébé/création après plusieurs années passées à travailler dessus.
LC : Je n’ai eu aucun contact avec
Ben Hull durant le projet. Je crois que Nicolas Stratigos (Vae Victis) l’a
contacté afin de le tenir informé.
Exemple de pions |
4/ Pourquoi être revenu aux guerres de
Religion après un détour par la guerre de Quatre- Vingt ans et la guerre polono-suédoise?
FC : Après deux batailles peu connues
des Français, il semblait normal de revenir vers cette période mouvementée de
l’Histoire française.
LC : Ce n’est pas un retour pour
Florent car c’est moi qui lui ai proposé le thème des guerres civiles en
France.
5/ La série elle-même a évolué depuis « Paris
vaut bien une messe ». Florent a notamment introduit les unités à deux
hexagones et les manches de mousquetaires. Pourquoi ces évolutions et comment
se fait-il qu'il n'y ait pas de manches de mousquetaires dans "Avec Infini
Regret"?
FC : Les unités à deux hexagones plus
leurs manches reflètent leur disposition de l’époque. Par ailleurs, les
règles avaient un grand nombre de manques dans la version du VV50 (surtout pour
l’artillerie). Laurent m’a beaucoup aidé sur toute la série à rendre l’ensemble
cohérent. Il a vraiment un œil de lynx ! Au final, les règles sont
relativement différentes entre le VV50 et celles de « Avec Infini
Regret ».
LC : Tout simplement parce que je
n’ai trouvé aucune référence aux manches dans les documents que j’ai utilisés
pour la bataille de Dreux.
FC : Les Tercios espagnols étaient
beaucoup moins figés qu’on pourrait le penser. Je recommande la lecture du livre sur
le sujet de Pierre Picouet aux éditions LRD.
6/ Dreux semble être le fil conducteur
de cette série puisque cette bataille était déjà proposée dans le premier opus.
D'ailleurs, sauf erreur de ma part, le titre du jeu vient d'un chapitre du
livre de James Wood "The King's army" qui évoque cette bataille. Pourquoi
proposer de rejouer Dreux?
LC : Dreux est la bataille
emblématique de cette période. De plus, les 2 versions sont très différentes.
Carte de la Bataille de Dreux |
7/ Vous avez d'ailleurs modifié
certaines règles de cette bataille, notamment celles relatives aux reîtres et lansquenets.
Pouvez-vous nous expliquer les choix de conception qui vous ont amené à ces
modifications?
LC : Les mercenaires allemands
engagés par les deux belligérants étaient toujours payés en retard et jamais en
totalité. Régulièrement, la marche des armées était ralentie car ils refusaient
d’avancer s’ils ne recevaient pas une partie de leur solde ou des gages de
confiance. Parfois, ils menaçaient de ne pas combattre. Une règle tente de
simuler cet état de fait à Dreux.
Tables de combat (la matrice d’interaction est fortement modifiée) |
8/ De manière générale, quels conseils
tactiques donneriez-vous aux joueurs pour chaque bataille?
LC : En règle générale, il faut
profiter du temps mis à disposition (nombre de tours) et ne pas se précipiter.
Un bon timing peut faire la différence à La Roche-l’Abeille (pour monter sur la
colline) et à Dreux (pour reformer la cavalerie protestante avant de la
relancer à l’attaque).
FC : Comme dans les autres opus, la
gestion des ordres est primordiale !
9/ Avez-vous d'autres projets pour cette
série ou d'autres jeux à l’Époque moderne?
FC : Tout d’abord, un deuxième volume
de AIR est prévu en 2016. Pour ma part, à moyen terme, je suis en train de
finaliser Grand Siècle 2 sur 4 batailles entre 1650 et 1665. Les règles seront issues
du jeu sorti dans le Vae Victis 84. En parallèle, je termine un autre jeu
appelé « Soleil Royal » sur les batailles navales de la guerre de la
Ligue d’Augsbourg.
LC : Si les retours sont positifs,
on envisage un second jeu sur le même thème.
Et bien merci les amis!
Beau travail d'interview ! ,-)
RépondreSupprimerLe Bir.
Merci l'ami! N'hésitez pas à laisser vos commentaires ou questions.
RépondreSupprimer