samedi 14 juin 2014

Parole d'auteur: Avec Infini Regret



Le hasard est parfois facétieux. Après 11 ans sans un jeu sur les guerres de Religion, deux sortent coup sur coup sur ce thème et à la même échelle.

Avec infini Regret est le dernier né de la série commencée par Paris vaut bien une messe paru en mai 2003 dans Vae Victis.




Il propose de rejouer à l’échelle grand tactique les batailles de Dreux (1562), La Roche l’Abeille (1569) et Coutras (1587), soit deux batailles communes à Par le Feu, le Fer et la Foi édité par Hexasim.

Carte de la bataille de La Roche L'Abeille

 Le lecteur attentif aura remarqué qu’Avec Infini Regret est sous-titré volume 1, d’autres batailles sont donc à suivre.

Avant d’évoquer le jeu de manière plus précise, j’ai souhaité interviewer ses auteurs Florent Coupeau et Laurent Closier, comme je l’avais fait pour Par le Feu, le Fer et la Foi.


1/ Laurent et Florent vous êtes les co-auteurs du nouveau jeu paru chez Vae Victis sur les guerres de Religion sous le titre "Avec Infini Regret"; pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs?

Florent et Laurent, photo fournie par les intéressés...
Florent Coupeau (FC) : J’ai 39 ans et travaille en tant qu’acheteur public dans une collectivité territoriale. J’ai découvert le wargame avec mon père quand il a monté son premier et seul wargame « La Guerre des Ducs » de Jeux & Stratégies. Ensuite, avec son aide, j’ai découpé et monté tous les jeux de cette merveilleuse revue. Avec l’argent de poche de plusieurs mois, mon premier wargame en boîte sera Cry Havoc au milieu des années 80. Parti à l’étranger, je ne me suis plus tenu au courant des nouveautés wargame – même si je continuais à jouer – jusqu’à l’arrivée de Vae Victis. Un grand merci à Nicolas Stratigos pour avoir accepté de publier ma première création avec Féodalité dans le numéro 69 ! Depuis, je publie 1 à 2 jeux par an dans Vae Victis. Pour ce qui est des conventions de joueurs, j’adore retrouver d’autres wargameurs qui sont tous des personnes passionnées et passionnantes.

Laurent Closier (LC) : Je suis plus âgé que Florent mais j’ai moins de cheveux blancs. « Avec Infini Regret » est ma première collaboration avec Florent.


2/ Avec Infini Regret est la suite d'une série créée par Ben Hull dans le VVn° 50 sous le titre "Paris vaut bien une messe". Cette série a été reprise par Florent qui a publié Nieuport 1600 et Kircholm 1605 également chez Vae Victis. Pouvez-vous nous dire d'abord pourquoi avez-vous choisi de travailler à deux sur ce projet et quel a été le rôle de chacun?

FC : Laurent & moi nous connaissons depuis longtemps. Je savais qu’il avait essayé de créer un jeu sur le modèle de Musket & Pike (GMT Games). Mais, pour d’obscures raisons, cela n’avait pas abouti malgré l’avancement de son projet. Après la sortie de Nieuport 1600 VV105, j’ai repensé à son projet et lui ai demandé si ça l’intéresserait de le proposer à Vae Victis. Mon rôle a plutôt été celui de garder l’homogénéité des règles de AiR par rapport à Nieuport 1600 et Kircholm 1605. Nos discussions ont été très intéressantes et ont aussi amélioré l’ensemble du corps de règles.

LC : Florent a fait un gros travail pour améliorer puis consolider les règles de « Paris vaut bien une messe ». Cela m’a permis de me concentrer uniquement sur la partie historique du projet.


3/ J'ai cru comprendre que Ben Hull souhaitait garder la mainmise sur son système. L'avez-vous consulté pour votre jeu et quels-ont été ces retours éventuels?

FC : Je pense que Ben Hull a évolué ces cinq dernières années. A une époque, il était plus fermé sur Musket & Pike que pour Paris vaut bien une messe. Désormais, il accepte que d’autres personnes que lui développent de nouveaux modules pour M&P (Notamment Nothing gained but glory et Saints in Armor). Pour Paris vaut bien une messe, il a dit oui dès le départ et il était même très enthousiaste à l’idée de ressortir les batailles du VV50.
Maintenant, étant créateur de jeux moi-même, je peux comprendre son sentiment. L’esprit du jeu initial va-t-il être respecté ? C’est parfois dur de laisser à quelqu’un d’autre son bébé/création après plusieurs années passées à travailler dessus. 

LC : Je n’ai eu aucun contact avec Ben Hull durant le projet. Je crois que Nicolas Stratigos (Vae Victis) l’a contacté afin de le tenir informé.
Exemple de pions


4/ Pourquoi être revenu aux guerres de Religion après un détour par la guerre de Quatre- Vingt ans et la guerre polono-suédoise?

FC : Après deux batailles peu connues des Français, il semblait normal de revenir vers cette période mouvementée de l’Histoire française.

LC : Ce n’est pas un retour pour Florent car c’est moi qui lui ai proposé le thème des guerres civiles en France.

5/ La série elle-même a évolué depuis « Paris vaut bien une messe ». Florent a notamment introduit les unités à deux hexagones et les manches de mousquetaires. Pourquoi ces évolutions et comment se fait-il qu'il n'y ait pas de manches de mousquetaires dans "Avec Infini Regret"?

FC : Les unités à deux hexagones plus leurs manches reflètent leur disposition de l’époque. Par ailleurs, les règles avaient un grand nombre de manques dans la version du VV50 (surtout pour l’artillerie). Laurent m’a beaucoup aidé sur toute la série à rendre l’ensemble cohérent. Il a vraiment un œil de lynx ! Au final, les règles sont relativement différentes entre le VV50 et celles de « Avec Infini Regret ».

LC : Tout simplement parce que je n’ai trouvé aucune référence aux manches dans les documents que j’ai utilisés pour la bataille de Dreux.

FC : Les Tercios espagnols étaient beaucoup moins figés qu’on pourrait le penser. Je recommande la lecture du livre sur le sujet de Pierre Picouet aux éditions LRD.


6/ Dreux semble être le fil conducteur de cette série puisque cette bataille était déjà proposée dans le premier opus. D'ailleurs, sauf erreur de ma part, le titre du jeu vient d'un chapitre du livre de James Wood "The King's army" qui évoque cette bataille. Pourquoi proposer de rejouer Dreux?

LC : Dreux est la bataille emblématique de cette période. De plus, les 2 versions sont très différentes.


Carte de la Bataille de Dreux
7/ Vous avez d'ailleurs modifié certaines règles de cette bataille, notamment celles relatives aux reîtres et lansquenets. Pouvez-vous nous expliquer les choix de conception qui vous ont amené à ces modifications?

LC : Les mercenaires allemands engagés par les deux belligérants étaient toujours payés en retard et jamais en totalité. Régulièrement, la marche des armées était ralentie car ils refusaient d’avancer s’ils ne recevaient pas une partie de leur solde ou des gages de confiance. Parfois, ils menaçaient de ne pas combattre. Une règle tente de simuler cet état de fait à Dreux.

Tables de combat (la matrice d’interaction est fortement modifiée)


8/ De manière générale, quels conseils tactiques donneriez-vous aux joueurs pour chaque bataille?

LC : En règle générale, il faut profiter du temps mis à disposition (nombre de tours) et ne pas se précipiter. Un bon timing peut faire la différence à La Roche-l’Abeille (pour monter sur la colline) et à Dreux (pour reformer la cavalerie protestante avant de la relancer à l’attaque).

FC : Comme dans les autres opus, la gestion des ordres est primordiale !

9/ Avez-vous d'autres projets pour cette série ou d'autres jeux à l’Époque moderne?

FC : Tout d’abord, un deuxième volume de AIR est prévu en 2016. Pour ma part, à moyen terme, je suis en train de finaliser Grand Siècle 2 sur 4 batailles entre 1650 et 1665. Les règles seront issues du jeu sorti dans le Vae Victis 84. En parallèle, je termine un autre jeu appelé « Soleil Royal » sur les batailles navales de la guerre de la Ligue d’Augsbourg.

LC : Si les retours sont positifs, on envisage un second jeu sur le même thème.

Et bien merci les amis!

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